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la ville noire.

— Quand je vous verrai l’œil clair et la figure ouverte, comme Gaucher les a toujours, je vous parlerai comme je lui parle ; mais si je vous rencontre avec une mine soucieuse et des regards farouches, comme vous les avez depuis deux ou trois mois, je passerai d’un autre côté, sans vous dire autre chose que le bonjour, car je ne suis pas d’un caractère à aimer les gens qui ont l’air de se défier de tout le monde. Là-dessus, je m’en retourne à mon ouvrage. C’est vous qui veillerez le malade cette nuit ; la nuit d’après ce sera moi avec Lise, et ensuite Gaucher, et puis vous. De cette manière-là, nous gagnerons la fin de sa maladie, qui n’a pas l’air de vouloir durer longtemps ; après quoi, il vous quittera et viendra travailler en ville. Il me l’a promis, et vous devez l’y pousser, car il est trop seul ici la nuit, et ça ne vaut rien pour une tête malade. Sa compagnie ne vous est pas bonne non plus. Il vous faut un homme plus jeune et qui n’en cherche pas si long. Si vous m’en croyez, vous prendrez Va-sans-Peur.

— Va-sans-Peur n’est pas libre !