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frère eût à part de lui un moment d’aise et de tranquillité.

Si Landry le menait dans le jardin de son maître, et que tout en devisant avec lui, il s’interrompît pour couper une branche morte sur une ente, ou pour arracher une mauvaise herbe qui gênait les légumes, cela fâchait Sylvinet, qu’il eût toujours une idée d’ordre et de service pour autrui, au lieu d’être comme lui à l’affût du moindre souffle et de la moindre parole de son frère. Il n’en faisait rien paraître parce qu’il avait honte de se sentir si facile à choquer ; mais au moment de le quitter, il lui disait souvent :

— Allons, tu as bien assez de moi pour aujourd’hui ; peut-être bien que tu en as trop et que le temps te dure de me voir ici.

Landry ne comprenait rien à ces reproches-là. Ils lui faisaient de la peine, et, à son tour, il en faisait reproche à son frère qui ne voulait ni ne pouvait s’expliquer.

Si le pauvre enfant avait la jalousie des moindres choses qui occupaient Landry, il avait encore plus fort celle des personnes à qui Landry montrait de l’attachement. Il ne pou-