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la petite fadette

Mais il ne fallait point encore parler de cela à la mère Barbeau ; car, au premier mot, elle versait toutes les larmes de son corps. Elle disait que Sylvinet était capable de se périr, et le père Barbeau était grandement embarrassé.

Landry, étant conseillé par son père et par son maître, et aussi par sa mère, ne manquait point de raisonner son pauvre besson ; mais Sylvinet ne se défendait point, promettait tout, et ne se pouvait vaincre. Il y avait dans sa peine quelque autre chose qu’il ne disait point, parce qu’il n’eût su comment le dire : c’est qu’il lui était poussé dans le fin fond du cœur une jalousie terrible à l’endroit de Landry. Il était content, plus content que jamais il ne l’avait été, de voir qu’un chacun le tenait en estime et que ses nouveaux maîtres le traitaient aussi amiteusement que s’il avait été l’enfant de la maison. Mais si cela le réjouissait d’un côté, de l’autre il s’affligeait et s’offensait de voir Landry répondre trop, selon lui, à ces nouvelles amitiés. Il ne pouvait souffrir que, sur un mot du père Caillaud, tant doucement et patiemment qu’il fût appelé, il courut vitement au-devant de son vouloir, laissant là père, mère et