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la petite fadette

encore sa petite sœur, mais sans presque lui parler et sans songer à l’amuser, la regardant seulement pour l’empêcher de tomber et d’attraper du mal. Aussitôt qu’on n’avait plus les yeux sur lui, il s’en allait tout seul et se cachait si bien qu’on ne savait où le prendre. Il entrait dans tous les fossés, dans toutes les bouchures, dans toutes les ravines, où il avait eu accoutumance de jouer et de deviser avec Landry, et il s’asseyait sur les racines où ils s’étaient assis ensemble, il mettait ses pieds dans tous les filets d’eau où ils avaient pataugé comme deux vraies canettes ; il était content quand il y retrouvait quelques bouts de bois que Landry avait chapusés avec sa serpette, ou quelques cailloux dont il s’était servi comme de palet ou de pierre à feu. Il les recueillait et les cachait dans un trou d’arbre ou sous une cosse de pois, afin de venir les prendre et les regarder de temps en temps, comme si ç’avait été des choses de conséquence. Il allait toujours se remémorant et creusant dans sa tête pour y retrouver toutes les petites souvenances de son bonheur passé. Ça n’eût paru rien à un autre, et pour lui c’était tout. Il ne prenait