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la petite fadette

il ne pouvait croire que Landry pût être parti comme cela sans lui dire adieu ; et il était fâché contre lui au milieu de sa peine.

— Qu’est-ce que je lui ai donc fait, disait-il à sa mère, et en quoi ai-je pu le mécontenter ? Tout ce qu’il m’a conseillé de faire, je m’y suis toujours rendu ; et quand il m’a recommandé de ne point pleurer devant vous, ma mère mignonne, je me suis retenu de pleurer, tant que la tête m’en sautait. Il m’avait promis de ne pas s’en aller sans me dire encore des paroles pour me donner courage, et sans déjeuner avec moi au bout de la Chenevière, à l’endroit où nous avions coutume d’aller causer et nous amuser tous les deux. Je voulais lui faire son paquet et lui donner mon couteau qui vaut mieux que le sien. Vous lui aviez donc fait son paquet hier soir sans me rien dire, ma mère, et vous saviez donc qu’il voulait s’en aller sans me dire adieu ?

— J’ai fait la volonté de ton père, répondit la mère Barbeau.

Et elle dit tout ce qu’elle put s’imaginer pour le consoler. Il ne voulait entendre à rien ; et ce ne fut que quand il vit qu’elle pleurait