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quasiment jamais d’engagement volontaire. Aussi chacun s’étonna grandement de cette résolution, de laquelle Sylvinet ne pouvait donner aucune autre raison, sinon sa fantaisie et un goût militaire que personne ne lui avait jamais connu. Tout ce que surent dire ses père et mère, frères et sœurs, et Landry lui-même, ne put l’en détourner, et on fut forcé d’en aviser Fanchon, qui était la meilleure tête et le meilleur conseil de la famille.

Elle causa deux grandes heures avec Sylvinet, et quand on les vit se quitter, Sylvinet avait pleuré, sa belle-sœur aussi ; mais ils avaient l’air si tranquilles et si résolus, qu’il n’y eut plus d’objections à soulever lorsque Sylvinet dit qu’il persistait, et Fanchon, qu’elle approuvait sa résolution et en augurait pour lui un grand bien dans la suite des temps.

Comme on ne pouvait pas être bien sûr qu’elle n’eût pas là-dessus des connaissances plus grandes encore que celles qu’elle avouait, on n’osa point résister davantage, et la mère Barbeau elle-même se rendit, non sans verser beaucoup de larmes. Landry était désespéré ; mais sa femme lui dit :