Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
la petite fadette

d’anguille ; et pourtant, j’aurais pu le lui dire sans danger pour moi ; car Landry m’aimait si honnêtement, et d’un si grand cœur, que jamais il ne s’est inquiété de savoir si j’étais riche ou misérable.

— Et depuis que votre mère-grand est décédée, ma chère Fanchon, reprit le père Barbeau, pouvez-vous me donner votre parole d’honneur que Landry n’a point été informé par vous, ou par quelque autre, de ce qui en est ?

— Je vous la donne, dit la Fadette. Aussi vrai que j’aime Dieu, vous êtes, après moi, la seule personne au monde qui ait connaissance de cette chose-là.

— Et, pour ce qui est de l’amour de Landry, pensez-vous, Fanchon, qu’il vous l’ait conservé ? et avez-vous reçu, depuis le décès de votre grand’mère, quelque marque qu’il ne vous ait point été infidèle ?

— J’ai reçu la meilleure marque là-dessus, répondit-elle ; car je vous confesse qu’il est venu me voir trois jours après le décès, qu’il m’a juré qu’il mourrait de chagrin, ou qu’il m’aurait pour sa femme.

— Et vous, Fadette, que lui répondiez-vous ?