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la petite fadette

me donner une réponse en tout honneur et vérité. Avant le décès de votre grand’mère, aviez-vous idée des grands biens qu’elle devait vous laisser ?

— Oui, père Barbeau, répondit la petite Fadette, j’en avais quelque idée, parce que je l’avais vue souvent compter de l’or et de l’argent, et que je n’avais jamais vu sortir de la maison que des gros sous, et aussi parce qu’elle m’avait dit souvent, quand les autres jeunesses se moquaient de mes guenilles : « Ne t’inquiète pas de ça, petite. Tu seras plus riche qu’elles toutes, et un jour arrivera où tu pourras être habillée de soie depuis les pieds jusqu’à la tête, si tel est ton bon plaisir. »

— Et alors, reprit le père Barbeau, aviez-vous fait savoir la chose à Landry, et ne serait-ce point à cause de votre argent que mon fils faisait semblant d’être épris de vous ?

— Pour cela, père Barbeau, répondit la petite Fadette, ayant toujours eu l’idée d’être aimée pour mes beaux yeux, qui sont la seule chose qu’on ne m’ait jamais refusée, je n’étais pas assez sotte pour aller dire à Landry que mes beaux yeux étaient dans des sacs de peau