Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/314

Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
la petite fadette

seul amour du bon Dieu et du prochain. Et elle nomma la petite Fadette.

La mère Barbeau en parla à son mari, qui n’y fut point contraire. Il lui dit qu’à Château-Meillant la Fadette était tenue en réputation de grand savoir, et que de tous les côtés on venait la consulter aussi bien que sa dame.

La mère Barbeau pria donc la Fadette de venir voir Sylvinet, qui gardait le lit, et de lui donner son assistance.

Fanchon avait cherché plus d’une fois l’occasion de lui parler, ainsi qu’elle l’avait promis à Landry, et jamais il ne s’y était prêté. Elle ne se fit donc pas semondre et courut voir le pauvre besson. Elle le trouva endormi dans la fièvre, et pria la famille de la laisser seule avec lui. Comme c’est la coutume des remégeuses d’agir en secret, personne ne la contraria et ne resta dans la chambre.

D’abord, la Fadette posa sa main sur celle du besson, qui pendait sur le bord du lit ; mais elle le fit si doucement, qu’il ne s’en aperçut pas, encore qu’il eût le sommeil si léger qu’une mouche, en volant, l’éveillait. La main de Sylvinet était chaude comme du feu,