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la petite fadette

ne connais guère, et m’avoir préservée des gros frais que je redoute.

— Je vous suis obligé de votre confiance, Fadette, dit le père Barbeau sans ouvrir le panier, quoiqu’il en fût un peu curieux, mais je n’ai pas le droit de recevoir votre argent ni de surveiller vos affaires. Je ne suis point votre tuteur. Sans doute votre grand’mère a fait un testament ?

— Elle n’a point fait de testament, et la tutrice que la loi me donne, c’est ma mère. Or, vous savez que je n’ai point de ses nouvelles depuis longtemps, et que je ne sais si elle est morte ou vivante, la pauvre âme ! Après elle, je n’ai d’autre parenté que celle de ma marraine Fanchette, qui est une brave et honnête femme, mais tout à fait incapable de gérer mon bien et même de le conserver et de le tenir serré. Elle ne pourrait se défendre d’en parler et de le montrer à tout le monde, et je craindrais, ou qu’elle n’en fît un mauvais placement, ou qu’à force de le laisser manier par les curieux, elle ne le fît diminuer sans y prendre garde ; car la pauvre chère marraine, elle n’est point dans le cas d’en savoir faire le compte.