Page:Sand - La Petite Fadette, Calmann-Lévy.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
la petite fadette

grand pour qu’il se séparât de la personne qu’il viendrait à lui préférer.

L’avis de la baigneuse parut fort sage au père Barbeau, et il essaya d’envoyer Sylvinet dans les maisons où il y avait de belles et bonnes filles à marier. Mais, quoique Sylvinet fût joli garçon et bien élevé, son air indifférent et triste ne réjouissait point le cœur des filles. Elles ne lui faisaient aucune avance, et lui, qui était si timide, il s’imaginait, à force de les craindre, qu’il les détestait.

Le père Caillaud, qui était le grand ami et un des meilleurs conseils de la famille, ouvrit alors un autre avis :

— Je vous ai toujours dit, fit-il, que l’absence était le meilleur remède. Voyez Landry ! il devenait insensé pour la petite Fadette, et pourtant, la petite Fadette partie, il n’a perdu ni la raison ni la santé, il est même moins triste qu’il ne l’était souvent, car nous avions observé cela et nous n’en savions point la cause. À présent il paraît tout à fait raisonnable et soumis. Il en serait de même de Sylvinet si, pendant cinq ou six mois, il ne voyait point du tout son frère. Je vas vous dire le moyen de