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la petite fadette

La mère Sagette étant appelée, répondit :

— Fiez-vous à moi : ces deux bessons-là vivront bel et bien, et ne seront pas plus malades que d’autres enfants. Il y a cinquante ans que je fais le métier de sage-femme, et que je vois naître, vivre ou mourir tous les enfants du canton. Ce n’est donc pas la première fois que je reçois des jumeaux. D’abord, la ressemblance ne fait rien à leur santé. Il y en a qui ne se ressemblent pas plus que vous et moi, et souvent il arrive que l’un est fort et l’autre faible ; ce qui fait que l’un vit et que l’autre meurt ; mais regardez les vôtres, ils sont chacun aussi beau et aussi bien corporé que s’il était fils unique. Ils ne se sont donc pas fait dommage l’un à l’autre dans le sein de leur mère ; ils sont venus à bien tous les deux sans trop la faire souffrir et sans souffrir eux-mêmes. Ils sont jolis à merveille et ne demandent qu’à vivre. Consolez-vous donc, mère Barbeau, ça vous sera un plaisir de les voir grandir ; et, s’ils continuent, il n’y aura guère que vous et ceux qui les verront tous les jours qui pourrez faire entre eux une différence ; car je n’ai jamais vu deux bessons si pareils. On dirait deux petits per-