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la petite fadette

Fadet ; mais il s’arma d’un grand courage, en se disant que, sans le départ de Fanchon, il n’aurait peut-être pas su de longtemps le bonheur qu’il avait d’être aimé d’elle. Et il vit la mère Fanchette, qui était la parente et la marraine à Fanchon, laquelle était venue pour soigner la vieille et le petit à sa place. Elle était assise devant la porte, avec le sauteriot sur ses genoux. Le pauvre Jeanet pleurait et ne voulait point aller au lit, parce que sa Fanchon n’était point encore rentrée, disait-il, et que c’était à elle à lui faire dire ses prières et à le coucher. La mère Fanchette le réconfortait de son mieux, et Landry entendit avec plaisir qu’elle lui parlait avec beaucoup de douceur et d’amitié. Mais sitôt que le sauteriot vit passer Landry, il s’échappa des mains de la Fanchette, au risque d’y laisser une de ses pattes, et courut se jeter dans les jambes du besson, l’embrassant et le questionnant et le conjurant de lui ramener sa Fanchon. Landry le prit dans ses bras, et, tout en pleurant, le consola comme il put. Il voulut lui donner une grappe de beaux raisins qu’il portait dans un petit panier, de la part de la mère Caillaud, à la