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la petite fadette

ils la trouvèrent debout et commençant à flairer la nourriture, ayant bon œil, et quasiment toute désenflée. Une autre fois, un poulain fut mordu par une vipère, et Landry, suivant toujours les enseignements de la petite Fadette, le sauva bien lestement. Enfin, il put essayer aussi le remède contre la rage sur un chien de la Priche, qui fut guéri et ne mordit personne. Comme Landry cachait de son mieux ses accointances avec la petite Fadette, il ne se vanta pas de sa science, et on n’attribua la guérison de ses bêtes qu’aux grands soins qu’il leur avait donnés. Mais le père Caillaud, qui s’y entendait aussi, comme tout bon fermier ou métayer doit le faire, s’étonna en lui-même, et dit :

— Le père Barbeau n’a pas de talent pour le bestiau, et mêmement il n’a point de bonheur ; car il en a beaucoup perdu l’an dernier, et ce n’était pas la première fois. Mais Landry y a la main très heureuse, et c’est une chose avec laquelle on vient au monde. On l’a ou on ne l’a pas ; et, quand même on irait étudier dans les écoles comme les artistes, cela ne sert de rien si on n’y est adroit de