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la petite fadette

par d’autres femmes. La Madelon, qui n’avait jamais pensé bien sérieusement à Landry, se mit à y penser beaucoup, aussitôt qu’elle eut renvoyé la Fadette. Elle se remémora tout ce que cette belle parleuse lui avait dit de l’amour de Landry, et en songeant que la Fadette en était éprise au point d’oser le lui avouer, elle se glorifia de pouvoir tirer vengeance de cette pauvre fille.

Elle alla, le soir, à la Priche, dont sa demeurance n’était éloignée que de deux ou trois portées de fusil, et, sous couleur de chercher une de ses bêtes qui s’était mêlée aux champs avec celles de son oncle, elle se fit voir à Landry, et de l’œil, l’encouragea à s’approcher pour lui parler.

Landry s’en aperçut très bien ; car, depuis que la petite Fadette s’en mêlait, il était singulièrement dégourdi d’esprit. « La Fadette est sorcière, pensa-t-il, elle m’a rendu les bonnes grâces de Madelon, et elle a plus fait pour moi, dans une causette d’un quart d’heure, que je n’aurais su faire dans une année. Elle a un esprit merveilleux et un cœur comme le bon Dieu n’en fait pas souvent. »