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la petite fadette

alla doucement le long de la taille, pour écouter ce que tramaient ensemble ces deux jeunesses. Il ne pouvait les voir, et, comme Madelon marmottait des réponses d’une voix sourde, il ne savait point ce qu’elle disait ; mais la voix de la petite Fadette, pour être douce, n’en était pas moins claire, et il ne perdait pas une de ses paroles, encore qu’elle ne criât point du tout. Elle parlait de lui à la Madelon, et elle lui faisait connaître, ainsi qu’elle l’avait promis à Landry, la parole qu’elle lui avait prise, dix mois auparavant, d’être à commandement pour une chose dont elle le requerrait à son plaisir. Et elle expliquait cela si humblement et si gentillement que c’était plaisir de l’entendre. Et puis, sans parler du follet ni de la peur que Landry en avait eue, elle conta qu’il avait manqué de se noyer en prenant à faux le gué des Roulettes, la veille de Saint-Andoche. Enfin, elle exposa du bon côté tout ce qui en était, et elle démontra que tout le mal venait de la fantaisie et de la vanité qu’elle avait eues de danser avec un grand gars, elle qui n’avait jamais dansé qu’avec les petits.