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la petite fadette

semble que si j’en ai eu, c’était si petitement que j’en ai quasiment perdu souvenance.

— C’est drôle, dit la petite Fadette en soupirant ; c’est donc comme ça que vous aimez, vous, les garçons ?

— Dame ! vous autres filles, vous n’aimez pas mieux ; puisque vous vous choquez si aisément et que vous vous consolez si vite avec le premier venu. Mais nous parlons là de choses que nous n’entendons peut-être pas encore, du moins toi, ma petite Fadette, qui vas toujours te gaussant des amoureux. Je crois bien que tu t’amuses de moi encore à cette heure, en voulant arranger mes affaires avec la Madelon. Ne le fais pas, te dis-je, car elle pourrait croire que je t’en ai chargée, et elle se tromperait. Et puis ça la fâcherait peut-être de penser que je me fais présenter à elle comme son amoureux attitré ; car la vérité est que je ne lui ai encore jamais dit un mot d’amourette, et que, si j’ai eu du contentement à être auprès d’elle et à la faire danser, elle ne m’a jamais donné le courage de le lui faire assavoir par mes paroles. Par ainsi, laissons passer la chose ; elle en reviendra