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la petite fadette

personne ? Je sais bien le reproche qu’on me fait, et tu as eu la charité de me l’épargner : on dit que j’ai seize ans et que je pourrais bien me louer, qu’alors j’aurais des gages et le moyen de m’entretenir ; mais que l’amour de la paresse et du vagabondage me retient auprès de ma grand’mère, qui ne m’aime pourtant guère et qui a bien le moyen de prendre une servante.

— Eh bien, Fadette, n’est-ce point la vérité ? dit Landry. On te reproche de ne pas aimer l’ouvrage, et ta grand’mère elle-même dit à qui veut l’entendre, qu’elle aurait du profit à prendre une domestique à ta place.

— Ma grand’mère dit cela parce qu’elle aime à gronder et à se plaindre. Et pourtant, quand je parle de la quitter, elle me retient, parce qu’elle sait que je lui suis plus utile qu’elle ne veut le dire. Elle n’a plus ses yeux ni ses jambes de quinze ans pour trouver les herbes dont elle fait ses breuvages et ses poudres, et il y en a qu’il faut aller chercher bien loin et dans des endroits bien difficiles. D’ailleurs, je te l’ai dit, je trouve moi-même aux herbes des vertus qu’elle ne leur connaît pas, et elle est