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viii
préface

nité. Sans doute, il y aurait dans la recherche des vérités applicables à son salut matériel, bien d’autres remèdes à trouver. Mais d’autres que nous s’en occuperont mieux que nous ; et comme la question vitale immédiate de la société est une question de fait en ce moment, tâchons d’adoucir la fièvre de l’action en nous et dans les autres par quelque innocente distraction. Si nous étions à Paris, nous ne nous reprocherions pas d’aller écouter de temps en temps de la musique pour nous rafraîchir l’âme. Puisque nous voici aux champs, écoutons la musique de la nature.

— Puisqu’il en est ainsi, dis-je à mon ami, revenons à nos moutons, c’est-à-dire à nos bergeries. Te souviens-tu qu’avant la révolution, nous philosophions précisément sur l’attrait qu’ont éprouvé de tout temps les esprits fortement frappés des malheurs publics, à se rejeter dans les rêves de la pastorale, dans un certain idéal de la vie champêtre d’autant plus naïf et plus enfantin que les mœurs étaient plus brutales et les pensées plus sombres dans le monde réel ?

— C’est vrai, et jamais je ne l’ai mieux senti. Je t’avoue que je suis si las de tourner dans