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la petite fadette

point malhonnêtes, mais si fières et de telle nargue, qu’il s’en dépita ; et quand elle revint de son côté, comme il la regardait avec des yeux qui se moquaient un peu d’elle, elle lui dit par bravade :

— Eh bien donc, Landry, tu ne peux trouver une danseuse, aujourd’hui. Tu seras, ma fine, obligé de retourner au grelet.

— Et j’y retournerai de bon cœur, répondit Landry ; car si ce n’est pas la plus belle de la fête, c’est toujours celle qui danse le mieux.

Là-dessus, il s’en fut aux alentours de l’église pour chercher la petite Fadette, et il la ramena dans la danse, tout en face de la Madelon, et il y dansa deux bourrées sans quitter la place. Il fallait voir comme le grelet était fier et content ! Elle ne cachait point son aise, faisait reluire ses coquins d’yeux noirs, et relevait sa petite tête et sa grosse coiffe comme une poule huppée.

Mais, par malheur, son triomphe donna du dépit à cinq ou six gamins qui la faisaient danser à l’habitude, et qui, ne pouvant plus en approcher, eux qui n’avaient jamais été fiers avec elle, et qui l’estimaient beaucoup pour sa