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la petite fadette

— Et si vous étiez venu le lendemain de l’affaire me dire une parole d’amitié, vous ne m’auriez point trouvée courroucée ; vous auriez su tout de suite que je ne voulais point de paiement, et nous serions amis : au lieu qu’à cette heure, j’ai mauvaise opinion de vous, et j’aurais dû vous laisser débrouiller avec le follet comme vous auriez pu. Bonsoir, Landry de la Bessonnière ; allez sécher vos habits ; allez dire à vos parents : « Sans ce petit guenillon de grelet, j’aurais, ma foi, bu un bon coup, ce soir, dans la rivière. »

Parlant ainsi, la petite Fadette lui tourna le dos, et marcha du côté de sa maison en chantant :

Prends ta leçon et ton paquet,
Landry Barbeau le bessonnet.

À cette fois, Landry sentit comme un grand repentir dans son âme, non qu’il fût disposé à aucune sorte d’amitié pour une fille qui paraissait avoir plus d’esprit que de bonté, et dont les vilaines manières ne plaisaient point, même à ceux qui s’en amusaient. Mais il avait le cœur haut et ne voulait point garder un tort sur sa