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la petite fadette

derrière lui une petite voix très douce qui chantait :

Fadet, fadet, petit fadet,
Prends ta chandelle et ton cornet ;
J’ai pris ma cape et mon capet ;
Toute follette a son follet.

Et tout aussitôt la petite Fadette qui s’apprêtait gaiement à passer l’eau sans montrer crainte ni étonnement du feu follet, heurta contre Landry, qui était assis par terre dans la brune, et se retira en jurant ni plus ni moins qu’un garçon, et des mieux appris.

— C’est moi, Fanchon, dit Landry en se relevant, n’aie pas peur. Je ne te suis pas ennemi.

Il parlait comme cela parce qu’il avait peur d’elle presque autant que du follet. Il avait entendu sa chanson, et voyait bien qu’elle faisait une conjuration au feu follet, lequel dansait et se tortillait comme un fou devant elle et comme s’il eût été aise de la voir.

— Je vois bien, beau besson, dit alors la petite Fadette après qu’elle se fut consultée un peu, que tu me flattes, parce que tu es moitié mort de peur, et que la voix te tremble dans le gosier, ni plus ni moins qu’à ma grand’mère.