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la petite fadette

net avait eu grand’peur d’être envoyé au loin, et cette crainte-là avait agi sur lui en bien ; car, de plus en plus, il s’efforçait à vaincre l’excédent de son amitié pour Landry, ou du moins ne point trop le laisser paraître. La paix et le contentement étaient donc revenus à la Bessonnière, quoique les bessons ne se vissent plus qu’une ou deux fois la semaine. La Saint-Jean fut pour eux un jour de bonheur ; ils allèrent ensemble à la ville pour voir la loue des serviteurs de ville et de campagne, et la fête qui s’ensuit sur la grande place. Landry dansa plus d’une bourrée avec la belle Madelon ; et Sylvinet, pour lui complaire, essaya de danser aussi. Il ne s’en tirait pas trop bien ; mais la Madelon, qui lui témoignait beaucoup d’égards, le prenait par la main, en vis-à-vis, pour l’aider à marquer le pas ; et Sylvinet, se trouvant ainsi avec son frère, promit d’apprendre à bien danser, afin de partager un plaisir où jusque-là il avait gêné Landry.

Il ne se sentait pas trop de jalousie contre Madelon, parce que Landry était sur la réserve avec elle. Et d’ailleurs, Madelon flattait et