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la petite fadette

Mais lorsqu’il eut pris le courage de la regarder tranquillement, comme pour attendre n’importe quelle chose elle voudrait lui dire, il fut étonné de voir que cette fille faisait exprès de tourner la tête d’un autre côté, comme si elle eût eu de lui la même peur qu’il avait d’elle. Cela l’enhardit tout à fait vis-à-vis de lui-même, et, comme il avait le cœur juste, il se demanda s’il n’avait pas eu grand tort de ne jamais la remercier du plaisir que, soit par science, soit par hasard, elle lui avait causé. Il prit la résolution de l’aborder la première fois qu’il la verrait, et ce moment-là étant venu, il fit au moins dix pas de son côté pour commencer à lui dire bonjour et causer avec elle.

Mais, comme il s’approchait, la petite Fadette prit un air fier et quasi fâché ; et se décidant enfin à le regarder, elle le fit d’une manière si méprisante, qu’il en fut tout démonté et n’osa point lui porter la parole.

Ce fut la dernière fois de l’année que Landry la rencontra de près, car à partir de ce jour-là, la petite Fadette, menée par je ne sais pas quelle fantaisie, l’évita si bien, que du plus