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la petite fadette

lui qui m’eût fait cet affront, pensait-il, je ne m’en serais jamais consolé. Je suis bien content qu’il me l’ait pardonné, mais je pensais pourtant qu’il ne me le pardonnerait pas si aisément. » Et là-dessus, cet enfant malheureux soupirait tout en se combattant et se combattait tout en soupirant.

Pourtant, comme Dieu nous récompense et nous aide toujours, pour peu que nous ayons bonne intention de lui complaire, il arriva que Sylvinet fut plus raisonnable pendant le reste de l’année ; qu’il s’abstint de quereller et de bouder son frère, qu’il l’aima enfin plus paisiblement, et que sa santé, qui avait souffert de toutes ces angoisses, se rétablit et se fortifia. Son père le fit travailler davantage, s’apercevant que moins il s’écoutait, mieux il s’en trouvait. Mais le travail qu’on fait chez ses parents n’est jamais aussi rude que celui qu’on a de commande chez les autres. Aussi Landry, qui ne s’épargnait guère, prit-il plus de force et plus de taille cette année-là que son besson. Les petites différences qu’on avait toujours observées entre eux devinrent plus marquantes, et, de leur esprit, passèrent sur leur figure.