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la petite fadette

de sitôt trouvé un gué ou une passerelle pour aller le rejoindre.

Landry ayant donc un peu songé en lui-même, se demanda comment son père, qui avait de la raison et de la prudence pour quatre, agirait en pareille rencontre ; et il s’avisa bien à propos que le père Barbeau s’y prendrait tout doucement et sans faire semblant de rien, pour ne pas montrer à Sylvinet combien il avait causé d’angoisse, et ne lui occasionner trop de repentir, ni l’encourager trop à recommencer dans un autre jour de dépit.

Il se mit donc à siffler comme s’il appelait les merles pour les faire chanter, ainsi que font les pâtours quand ils suivent les buissons à la nuit tombante. Cela fit lever la tête à Sylvinet, et, voyant son frère, il eut honte et se leva vivement, croyant n’avoir pas été vu. Alors Landry fit comme s’il l’apercevait, et lui dit sans beaucoup crier, car la rivière ne chantait pas assez haut pour empêcher de s’entendre :

— Hé, mon Sylvinet, tu es donc là ? Je t’ai attendu tout ce matin, et, voyant que tu étais sorti pour si longtemps, je suis venu me promener par ici, en attendant le souper où je