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la petite fadette

relle. Possible est que, dans son tourment, Landry ne l’eût pas vu monter derrière les arbres de la rivière, d’autant plus que se tenant depuis deux heures dans le fond du Val, il n’avait pu voir le ciel que dans le moment où il avait gagné le haut. Mais, en fait, il ne s’était avisé de l’orage qu’au moment où la petite Fadette le lui avait annoncé, et tout aussitôt, son jupon s’était enflé ; ses vilains cheveux noirs sortant de sa coiffe, qu’elle avait toujours mal attachée, et quintant sur son oreille, s’étaient dressés comme des crins ; le sauteriot avait eu sa casquette emportée par un grand coup de vent, et c’était à grand’peine que Landry avait pu empêcher son chapeau de s’envoler aussi.

Et puis le ciel, en deux minutes, était devenu tout noir, et la Fadette, debout sur la barre, lui paraissait deux fois plus grande qu’à l’ordinaire ; enfin Landry avait peur, il faut bien le confesser.

— Fanchon, lui dit-il, je me rends à toi, si tu me rends mon frère. Tu l’as peut-être vu ; tu sais peut-être bien où il est. Sois bonne fille. Je ne sais pas quel amusement tu peux