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est bien habituée à porter deux personnes et un enfant, à preuve que votre beau-frère et sa femme, qui est plus lourde que moi de beaucoup, vont au marché le samedi avec leur garçon, sur le dos de cette bonne bête. Vous le mettrez à cheval devant vous, et d’ailleurs j’aime mieux m’en aller toute seule à pied que de faire de la peine à ce petit.

— Qu’à cela ne tienne, répondit Germain, qui mourait d’envie de se laisser convaincre. La Grise est forte et en porterait deux de plus s’il y avait place sur son échine. Mais que ferons-nous de cet enfant en route ? il aura froid, il aura faim… et qui prendra soin de lui ce soir et demain pour le coucher, le laver et le rhabiller ? Je n’ose pas donner cet ennui-là à une femme que je ne connais pas, et qui trouvera, sans doute, que je suis bien sans façons avec elle pour commencer.

— D’après l’amitié ou l’ennui qu’elle montrera, vous la connaîtrez tout de suite, Germain, croyez-moi ; et d’ailleurs, si elle rebute votre Pierre, moi je m’en charge. J’irai chez elle l’habiller et je l’emmènerai aux champs demain. Je l’amuserai toute la journée et j’aurai soin qu’il ne manque de rien.

— Et il t’ennuiera, ma pauvre fille ! Il te gênera ! toute une journée, c’est long !

— Ça me fera plaisir, au contraire, ça me tiendra compagnie et ça me rendra moins triste le premier