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d’éteindre le feu, de crainte qu’en se débattant auprès, quelqu’un ne vînt à y tomber et à se brûler. Le facétieux fossoyeur, d’accord avec le bouvier, s’empara donc du trophée sans difficulté et le jeta en travers sur les landiers. C’en était fait ! il n’était plus permis d’y toucher. Il sauta au milieu de la chambre et alluma un reste de paille, qui entourait la broche, pour faire le simulacre de la cuisson du rôti, car l’oie était en pièces et jonchait le plancher de ses membres épars.

Il y eut alors beaucoup de rires et de discussions fanfaronnes. Chacun montrait les horions qu’il avait reçus, et comme c’était souvent la main d’un ami qui avait frappé, personne ne se plaignit ni se querella. Le chanvreur, à demi aplati, se frottait les reins, disant qu’il s’en souciait fort peu, mais qu’il protestait contre la ruse de son compère le fossoyeur, et que, s’il n’eût été à demi mort, le foyer n’eût pas été conquis si facilement. Les matrones balayaient le pavé, et l’ordre se faisait. La table se couvrait de brocs de vin nouveau. Quand on eut trinqué ensemble et repris haleine, le fiancé fut amené au milieu de la chambre, et, armé d’une baguette, il dut se soumettre à une nouvelle épreuve.

Pendant la lutte, la fiancée avait été cachée avec trois de ses compagnes par sa mère, sa marraine et ses tantes, qui avaient fait asseoir les quatre jeunes