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Alors le père Maurice prononça son compliment. Il invitait le maître de la maison et toute sa compagnie, c’est-à-dire tous ses enfants, tous ses parents, tous ses amis et tous ses serviteurs, à la bénédiction, au festin, à la divertissance, à la dansière et à tout ce qui en suit. Il ne manqua pas de dire : — Je viens vous faire l’honneur de vous semondre. Locution très juste, bien qu’elle nous paraisse un contresens, puisqu’elle exprime l’idée de rendre les honneurs à ceux qu’on en juge dignes.

Malgré la libéralité de l’invitation portée ainsi de maison en maison dans toute la paroisse, la politesse, qui est grandement discrète chez les paysans, veut que deux personnes seulement de chaque famille en profitent, un chef de famille sur le ménage, un de leurs enfants sur le nombre.

Ces invitations faites, les fiancés et leurs parents allèrent dîner ensemble à la métairie.

La petite Marie garda ses trois moutons sur le communal, et Germain travailla la terre comme si de rien n’était.

La veille du jour marqué pour le mariage, vers deux heures de l’après-midi, la musique arriva, c’est-à-dire le cornemuseux et le vielleux, avec leurs instruments ornés de longs rubans flottants, et jouant une marche de circonstance, sur un rythme un peu lent pour des pieds qui ne seraient pas indigènes, mais