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solument faire ce que votre beau-père vous a dit fort sagement : il faut vous remarier.

— Oui, ma mère, ce serait aussi mon idée ; mais les femmes que vous m’avez conseillé de rechercher ne me conviennent pas. Quand je les vois, au lieu d’oublier ma Catherine, j’y pense davantage.

— C’est qu’apparemment, Germain, nous n’avons pas su deviner votre goût. Il faut donc que vous nous aidiez en nous disant la vérité. Sans doute il y a quelque part une femme qui est faite pour vous, car le bon Dieu ne fait personne sans lui réserver son bonheur dans une autre personne. Si donc vous savez où la prendre, cette femme qu’il vous faut, prenez-la ; et qu’elle soit belle ou laide, jeune ou vieille, riche ou pauvre, nous sommes décidés, mon vieux et moi, à vous donner consentement ; car nous sommes fatigués de vous voir triste, et nous ne pouvons pas vivre tranquilles si vous ne l’êtes point.

— Ma mère vous êtes aussi bonne que le bon Dieu, et mon père pareillement, répondit Germain ; mais votre compassion ne peut pas porter remède à mes ennuis : la fille que je voudrais ne veut point de moi.

— C’est donc qu’elle est trop jeune ? S’attacher à une jeunesse est déraison pour vous.

— Eh bien ! oui, bonne mère, j’ai cette folie de m’être attaché à une jeunesse et je m’en blâme. Je