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— Elle est là, qui se cache, parce qu’elle a peur de ce vilain homme noir, et moi aussi.

— Eh ! sois tranquille ; je suis là… Marie ! Marie ! c’est moi !

Marie approcha en rampant et dès qu’elle vit Germain, que le fermier suivait de près, elle courut se jeter dans ses bras ; et, s’attachant à lui comme une fille à son père :

— Ah ! mon brave Germain, lui dit-elle, vous me défendrez ; je n’ai pas peur avec vous.

Germain eut le frisson. Il regarda Marie : elle était pâle, ses vêtements étaient déchirés par les épines où elle avait couru, cherchant le fourré, comme une biche traquée par les chasseurs. Mais il n’y avait ni honte ni désespoir sur sa figure.

— Ton maître veut te parler, lui dit-il, en observant toujours ses traits.

— Mon maître ? dit-elle fièrement ; cet homme-là n’est pas mon maître et ne le sera jamais !… C’est, vous, Germain, qui êtes mon maître. Je veux que vous me rameniez avec vous… Je vous servirai pour rien !

Le fermier s’était avancé, feignant un peu d’impatience.

— Hé ! la petite, dit-il, vous avez oublié chez nous quelque chose que je vous rapporte.

— Nenni, Monsieur, répondit la petite Marie, je n’ai rien oublié, et je n’ai rien à vous demander…