Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans les buissons, prit son sac sur son épaule et, tenant son fils par la main :

— À présent, Marie, dit-il, nous allons tâcher d’achever notre voyage. Veux-tu que je te conduise aux Ormeaux ?

— Nous sortirons du bois ensemble, lui répondit-elle, et quand nous saurons où nous sommes, nous irons chacun de notre côté.

Germain ne répondit pas. Il était blessé de ce que la jeune fille ne lui demandait pas de la mener jusqu’aux Ormeaux, et il ne s’apercevait pas qu’il le lui avait offert d’un ton qui semblait provoquer un refus.

Un bûcheron qu’ils rencontrèrent au bout de deux cents pas les mit dans le bon chemin et leur dit qu’après avoir passé la grande prairie ils n’avaient qu’à prendre, l’un tout droit, l’autre sur la gauche, pour gagner leurs différents gîtes, qui étaient d’ailleurs si voisins qu’on voyait distinctement les maisons de Fourche de la ferme des Ormeaux, et réciproquement.

Puis, quand ils eurent remercié et dépassé le bûcheron, celui-ci les rappela pour leur demander s’ils n’avaient pas perdu un cheval.

— J’ai trouvé, leur dit-il, une belle jument grise dans ma cour, où peut-être le loup l’aura forcée de chercher un refuge. Mes chiens ont jappé à nuitée, et au point du jour j’ai vu la bête chevaline sous mon