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mais que voulez-vous que j’y fasse ? le cœur ne m’en dit pas pour vous. Je vous aime bien ; mais quoique votre âge ne vous enlaidisse pas, il me fait peur. Il me semble que vous êtes quelque chose pour moi, comme un oncle ou un parrain ; que je vous dois le respect et que vous auriez des moments où vous me traiteriez comme une petite fille plutôt que comme votre femme et votre égale. Enfin, mes camarades se moqueraient peut-être de moi, et quoique ça soit une sottise de faire attention à cela, je crois que je serais honteuse et un peu triste le jour de mes noces.

— Ce sont là des raisons d’enfant ; tu parles tout à fait comme un enfant, Marie !

— Eh bien ! oui, je suis un enfant, dit-elle, et c’est à cause de cela que je crains un homme trop raisonnable. Vous voyez bien que je suis trop jeune pour vous puisque déjà vous me reprochez de parler sans raison ! Je ne puis pas avoir plus de raison que mon âge n’en comporte.

— Hélas ! mon Dieu, que je suis donc à plaindre d’être si maladroit et de dire si mal ce que je pense ! s’écria Germain. Marie, vous ne m’aimez pas, voilà le fait ; vous me trouvez trop simple et trop lourd. Si vous m’aimiez un peu, vous ne verriez pas si clairement mes défauts. Mais vous ne m’aimez pas, voilà !

— Eh bien ! ce n’est pas ma faute, répondit-elle, un peu blessée de ce qu’il ne la tutoyait plus ; j’y fais