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VII


Je fus accueilli avec une joie sincère. Madame de Saule me remerciait avec effusion. Il semblait qu’elle crût me devoir de la reconnaissance. Elle reçut l’enfant comme un dépôt sacré que je lui confiais, admira sa propreté, sa gentillesse, et s’épanouit au sourire de cette petite physionomie. C’était le premier sourire de Morena. On eût dit qu’elle était frappée de la beauté de son nouvel asile et de la tendresse de sa mère adoptive. Étrange destinée que la sienne, étrange destinée que la nôtre !

Comme je n’avais annoncé l’exécution de mes promesses que pour la fin de la semaine suivante, on n’avait encore rien préparé pour l’installation de l’enfant. On n’avait pas même décidé si elle serait nourrie dans la maison ou dans les environs. Le premier soin de madame de Saule fut de me prier de la porter dans sa chambre, où nous devions trouver madame Marange.

Là, je racontai en détail les petits événements de la veille, et nous eûmes à nous consulter. Si Morena avait réellement une famille qui vînt à la réclamer, nous ne pouvions la lui refuser. Mais quelle serait la preuve que cette famille fût celle de la bohémienne, puisque nous ne savions pas même le nom de cette dernière ?

Nous devions donc être très-circonspects avant d’accorder confiance à ceux qui se présenteraient, et défendre l’enfant