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un homme savant, et, encore qu’il soit cultivateur, il est savant aussi, mon frère ! Il apprend beaucoup de belles choses à son garçon. Mais, moi, j’ai suivi la condition de ma mère, qui était une femme de campagne, et, si je sais un peu lire et écrire, c’est bien le tout ! Si je ne vous parle pas comme il faut, vous m’excuserez ; la bonne intention y est tout de même, ma cousine !

— Telle que vous êtes, vous me paraissez charmante, répondit Hortense ; voulez-vous m’embrasser, ma chère Corisande ?

— Oui, ma cousine, et c’est de bon cœur, dit la jeune fille en lui jetant ses bras autour du cou.

Elle était charmante en effet, mademoiselle de Germandre ; avec son parler franchement rustique et sa complète ignorance des choses du monde, elle avait une grâce naturelle mêlée, ou plutôt alliée intimement à une gaucherie candide qu’elle ne cherchait point à déguiser. Elle se présentait telle qu’elle était, nullement humiliée de son habillement, de sa pauvreté et de son manque d’usage, parce qu’il n’y avait en elle aucun sentiment de jalousie. Le charme