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coup d’esprit naturel, et très-généreux au fond du cœur. Si on eût pu le guérir d’une susceptibilité extrême et d’une envie perpétuelle de reprendre ou de railler, on eût trouvé en lui un grand fonds de franchise et de bonté. S’il avait des ennemis irréconciliables, il avait aussi des amis dévoués ; mais, comme les premiers étaient les plus nombreux et les plus puissants, il risquait fort de n’être jamais ni puissant lui-même, ni véritablement heureux. Les femmes, auxquelles il plaisait d’abord par sa jolie figure et sa belle prestance, arrivaient vite à se méfier de sa méchante langue ou de ses dépits amers, exagérés en outre par les officiers de son régiment, ses rivaux naturels auprès du beau sexe.

Labrêche, qui avait mis sur le programme de sa journée le projet de se faire bien venir de tous les prétendants à l’héritage, dans l’espoir d’être récompensé de ses soins par l’heureux légataire, ne laissa point passer inaperçue l’arrivée du brillant officier. Il lui offrit ses services avec un mélange de platitude et de familiarité qu’il crut tout à fait propre à gagner son cœur. Mais le jeune comte l’en récom-