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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

— Pourquoi, je te prie ?

— Parce que ce serait inutile. Je ne me veux point marier.

— Parce que tu veux te consacrer à mes enfants, je sais ça, et tu sais, toi, que je n’entends pas de cette oreille. Un jour où tu rencontreras un cœur pour le tien, j’entends que tu ne te sacrifies pas.

— C’est bon, c’est bon, mon frère ; nous avons le temps d’y penser. Je n’ai point rencontré ce cœur-là,

Corisande était-elle bien sûre de ce qu’elle avançait ? Elle parlait avec une tranquillité qui persuada son frère et qui la persuada elle-même. Les âmes courageuses paraissent quelquefois fanfaronnes, et l’on croit volontiers qu’elles posent la force et manquent de sincérité. Il n’en est rien pourtant ; ces âmes-là souffrent comme les autres, il est vrai ; mais elles n’ont point égard à leurs propres souffrances, et, quand elles les nient, c’est pour ne point tourmenter et affliger les objets de leur affection.

Corisande eut un peu de mélancolie intérieure en songeant à l’isolement auquel elle s’était vouée ;