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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

Sévigny et le chevalier fussent jamais mariés ensemble ? n’était-elle pas trop jeune pour lui ? n’était-il pas trop pauvre pour elle ? Corisande ne se rendait pas bien compte de la différence présumable de leurs goûts et de leurs idées. Son frère était un homme si supérieur à ses yeux, que ce devait être un grand bonheur pour une femme de lui appartenir : pourtant Hortense serait-elle assez raisonnable pour apprécier ce bonheur ?

Hortense avait charmé Corisande et elle l’aimait, surtout depuis qu’elle la sentait aimée de son frère ; car elle s’en apercevait après coup. Un mot d’Octave avait ravivé et rassemblé ses souvenirs de la veille. Ce mot lui expliquait tout ce qui l’avait frappée, tout ce qu’elle n’avait su que vaguement pressentir.

Elle était si bien envahie par cette pensée, qu’elle se prit à l’exprimer tout haut.

— Mon Dieu ! dit-elle parlant aussi bien à Octave qu’à elle-même, mon frère va donc être malheureux, à présent ? Il s’ennuiera dans sa maison, et le bonheur qu’il souhaiterait, on ne pourra pas le lui don-