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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

dans le sable humide ; plus loin, un bois épais en partie inondé, de petits lacs sans profondeur où tremblait le panache des graminées ; pas d’horizon, partout des arbres, du pâturage jusqu’aux genoux, un revers de colline hérissé de quelques blocs de grès et planté sans art de massifs d’une grâce infinie, un véritable bocage d’opéra venu à point sans qu’aucun faiseur s’en fût mêlé ; un grand air de mystère et d’abandon, de recueillement et de rêverie, tel était le domaine du chevalier de Germandre, sanctuaire réellement approprié au mélange de force et de langueur, de résignation apathique et de volonté fière qui le caractérisait.

Ces recoins ignorés, qu’un pli de terrain ou un dôme de verdure cachent quelquefois pendant des années aux explorateurs de la nature, ont de grands charmes pour ceux qui les découvrent, conquête précieuse et fugitive comme toutes les beautés qui ne se dérobent pas aux outrages dans des retraites inaccessibles. Il suffit d’un propriétaire qui a besoin d’argent ou d’un acquéreur sans goût pour que ces belles végétations disparaissent sous la cognée, et,