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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

d’aller rôder autour de la chaumière de Corisande ; mais, à mesure qu’il s’informait en route, il apprenait que son pays était si loin, si loin, qu’aucun hasard ne pourrait être invoqué pour expliquer le but d’une pareille course.

Et pourtant il avançait toujours, se disant que rien ne coûtait d’avancer encore un peu. Si bien qu’au bout de neuf lieues de pays, il vit une grosse tour qu’il s’était fait décrire par les gens du voisinage, et qu’il reconnut à son toit de tuiles, rustiquement posé en biais sur le cylindre tronqué de la muraille circulaire. Il n’était plus question de créneaux ni d’échauguettes, le temps en avait fait justice, ainsi que de tous les ouvrages adjacents, et le chevalier, n’ayant pas le moyen de relever ces vestiges féodaux, avait fait mettre une couverture de hangar sur son donjon, consacré désormais à serrer ses fagots. Une grande pièce encore intacte au premier étage servait à engranger sa récolte de pommes de terre, aliment encore assez nouveau dans les campagnes du Centre, et que, plus économe ou plus avancé que ses voisins, il ne rougissait pas de man-