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présence de l’éternel adieu qui venait de le surprendre. Il aida Hortense à redescendre le sentier, et, jusqu’au bas de la colline, il ne put rompre le silence désespéré qui l’oppressait.

Hortense s’était juré de ne pas le revoir ; car elle avait senti en lui une force de persuasion irrésistible, la force d’un amour vrai, que tout traduisait éloquemment, même le silence. Elle devinait, à l’agitation de son propre cœur, que, si cet homme sincère et passionné s’enhardissait jamais jusqu’à lui dire : « Je vous aime ! » elle serait forcée de l’aimer, et, par une étrange invasion de sentiment, cet homme, qui, la veille, avait tant tremblé devant elle, arrivait à lui causer une peur extraordinaire. Mais, au moment de le quitter, elle ne put supporter la douleur qu’elle vit sur son visage. Il était nerveux, anguleux, effaré. Il faillit se faire écraser par les roues de la voiture quand les chevaux partirent. Il n’avait pas encore desserré les dents, il voulait ne plus rien dire. Il cria : « Adieu ! » malgré lui, et, dans cet adieu, il y avait une souffrance inexprimable, un désordre de l’âme qui n’a pas de nom.