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je suis une espèce de savant, moi, sans en avoir la mine ! C’est un ridicule de plus que j’abandonne à la moquerie. Imaginez-vous que, vivant aux champs, où j’eusse dû, tout naturellement, m’occuper de botanique ou d’entomologie, d’une branche quelconque de l’histoire naturelle qui m’eût servi en agriculture, et dont les matériaux se trouvaient à foison sous ma main, je m’en suis allé donner tête baissée dans des études qui ne pouvaient profiter en aucune façon aux autres ni à moi-même dans la situation où je me trouvais. En cela, je suis bien le neveu de ce pauvre marquis, lequel, s’ennuyant d’être grand seigneur, s’était fait serrurier, et c’est pour cela aussi que je ne le traite pas de fou comme tant d’autres. Si vous y réfléchissez un peu, ma cousine, vous verrez que ce travers est dans l’esprit humain plus logique qu’il ne semble. Imaginez-vous que vous viviez au milieu des fleurs sauvages, des fruits de la terre et de toutes les productions de la nature ? que vous soyez née dans un sillon ; que vous connaissiez, dès l’enfance, les habitudes et les mœurs de tout ce qui grouille dans le chaume et dans le