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rompre avec les habitudes et les traditions de la famille. Chacun prétend avoir une individualité, mot nouveau créé pour les besoins d’une société nouvelle. Je ne blâme ni le mot ni la chose : c’est un élan vers la liberté personnelle que j’aime et que je respecte ; mais, par le fait, ceci menace d’aller trop vite et de briser trop brusquement les liens domestiques. Chacun a souffert dans cet orage effrayant de la Révolution, chacun souffre encore et s’en prend à sa destinée particulière. Chacun veut soustraire ses enfants aux peines qu’il a endurées, et, tous les jours, depuis le sabotier de village jusqu’au riche fonctionnaire, on entend dire : « Je ne veux pas que mes fils soient misérables ou asservis comme je l’ai été. » Il n’est pas d’artisan qui ne crie après son gagne-pain et qui ne se plaigne d’avoir ce qu’il appelle un mauvais état. Enfin, le rêve est de changer pour parvenir, et c’est un rêve dangereux. Il n’y a pas tant de vocations particulières qu’on veut bien le dire.

» Le mieux pour l’homme civilisé serait d’être propre à tout, parce que tout est matière à développe-