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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

fis comme il avait fait : j’épousai la terre et la pauvreté. L’amour, le travail et un peu d’étude remplirent ma vie.

» Mais mon bonheur fut de courte durée : ma compagne mourut jeune en donnant le jour à Marguerite. J’avais déjà perdu mes parents ; les siens restaient à ma charge. J’avais une toute jeune sœur et deux enfants, aucun capital pour entreprendre quoi que ce fût, une famille paternelle exilée, dispersée, qui ne me connaissait même pas et qui ne pouvait sans doute rien pour moi ; un nom qui, à cette époque-là, était encore un inconvénient et un danger plus qu’une recommandation ; en outre, un caractère sans présomption et des devoirs pressants qu’il fallait remplir au jour le jour sans s’amuser à la réflexion. Je sentais bien que je manquais d’usage et de dehors heureux ou brillants. Je me rattelai à ma charrue, je fis mes délices de mes enfants, ma distraction de quelques bouquins et ma consolation du témoignage de ma conscience.

» Je sais bien qu’il eût fallu être plus habile que cela, savoir solliciter et obtenir un emploi, com-