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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

tense, qui l’avait provoquée innocemment, y répondit sans hésiter :

— Oui, mon cousin, je crois que vous êtes un homme de mérite méconnu de lui-même. Il me semble même, autant que je suis capable d’en juger, que vous êtes un homme supérieur méconnu de tout le monde, et qu’au lieu de porter patiemment une existence si austère et parfois si pénible, vous devriez avoir conquis votre véritable place dans la société.

— Ma chère cousine, reprit le chevalier, la société étant une chose factice, c’est-à-dire toute d’invention humaine, Dieu n’a marqué la place de personne un peu plus haut ou un peu plus bas sur les degrés de ce monument-là. Il a mis en chacun de nous des tendances et des facultés distinctes, en nous criant : « Marche comme tu sauras marcher. » Je me suis trouvé dans les traînards un peu contre mon gré par le fait des circonstances, un peu par ma faute parce que j’aimais à faire l’école buissonnière. J’étais né rêveur ou contemplatif. Si je vous disais ma vie, vous comprendriez…