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versation, la figure du chevalier le tenant en respect plus qu’aucune autre qu’il eût encore rencontrée. En homme nourri de romans et d’aventures, Labrêche se disait que, sous cet habit rustique, le chevalier cachait la majesté d’un prince déguisé, et il se consolait ainsi d’avoir été, la veille, remis à sa place un peu sèchement.

Le premier trouble d’Hortense s’était dissipé. Elle sentait, à l’attitude et à la conversation du chevalier, combien elle était en sûreté avec ce cœur loyal et ce caractère modeste. Son embarras, à lui, semblait dissipé aussi. Il était redevenu maître de lui-même en faisant acte de protection envers cette jeune femme qu’il s’efforçait d’aimer paternellement, et le fonds de sagesse qui luttait contre sa nature impressionnable avait repris le dessus. Il parlait avec aisance, et il parlait bien ; si bien de moment en moment, à mesure qu’un peu d’aise intellectuelle ravivait son âme, qu’Hortense en fut surprise. Il lui paraissait instruit plus qu’aucun homme qu’elle eût rencontré, et ce savoir, ou du moins cette saine notion de toutes choses, donnait à sa conversation un intérêt soutenu.