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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

celle de la bibliothèque ; car, au milieu de plus d’un genre de terreurs, la plus grande de toutes était encore celle d’une trahison qui livrerait le secret à un concurrent de sa fille. Elle se méfiait fort de l’abbé, et deux ou trois fois elle alla sur la pointe du pied s’assurer qu’il n’était pas retourné auprès de Labrêche.

De son côté, l’abbé, qui se méfiait de tout le monde et qui veillait avec angoisse, sortit à tâtons de chez lui, entendant ou croyant entendre marcher dans les corridors. Ces deux inquiétudes qui se surveillaient l’une l’autre faillirent plus d’une fois se trouver face à face ; mais elles s’évitèrent si adroitement, qu’elles se devinèrent et s’observèrent sans se voir.

Quand six heures du matin sonnèrent, la baronne était rompue de fatigue, au point qu’elle se jeta tout habillée sur son lit. En ce moment, Hortense se levait et entrait chez sa mère pour lui proposer une promenade matinale. La baronne ne lui raconta pas les agitations de sa veillée ; elle prétendit avoir écrit des lettres fort tard.

— Puisque c’est ainsi, lui répondit Hortense, il