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comme vous doutez de tant d’autres. Ma mère et moi…

— Oui, oui, vous êtes très-bonnes toutes les deux, je le sais, répondit Octave en lui baisant la main ; mais parlons, s’il vous plaît, de toute autre chose que de mariage. Ce mot sonne mal aux oreilles d’un neveu déshérité, et plus que jamais je reconnais que je dois épouser mon sabre. L’occasion de m’en servir reviendra bientôt, comme vous le dites fort bien, et, quant à la persécution, j’espère la déjouer moi-même, un jour ou l’autre, à force de bravoure. Restons amis, voilà le meilleur et le plus sûr de mon avenir.

Hortense sentit qu’il y avait beaucoup d’amertume dans les paroles et derrière le sourire de son cousin. Elle pensa que le mieux était de ne pas paraître s’en apercevoir, et elle prit son bras pour aller s’asseoir au repas de famille, qui fut la chose la plus solennelle, la plus contrainte et la plus ennuyeuse du monde, en dépit des saillies d’Octave et du mielleux enjouement de l’abbé.

Après le repas, chacun se dispersa. On se trouvait gêné les uns vis-à-vis des autres, surtout depuis qu’on s’était regardé d’un air de rivalité anxieuse