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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

Il commençait à se remettre quand Labrêche rentra et le trouva la bouche pleine. Ce fut une grande mortification pour le chevalier d’être surpris par ce valet en flagrant délit de voracité indiscrète.

Mais Labrêche, qui avait essuyé de tous les autres hommes beaucoup de rebuffades, et que la douceur cérémonieuse de celui-ci consolait un peu, le traita avec des bontés particulières.

— Je demande pardon à monsieur de l’interrompre, dit-il ; mais je venais dire à monsieur que, dans dix minutes…

— Dix minutes, répondit le chevalier résolu à vaincre sa mauvaise honte au moins vis-à-vis d’un laquais, c’est plus qu’il ne m’en faut pour apaiser ma faim tant bien que mal avec ces tristes friandises…

— Ah ! mon Dieu ! est-ce que monsieur n’est pas entré au buffet aujourd’hui ?

— Ma foi, non ! je n’y ai pas pensé du tout.

— Alors je cours chercher à monsieur…

— Non, non ! c’est trop tard, je n’ai plus faim ; seulement, si vous pouviez me procurer un peu de cidre ou de bière…